Discours d'ouverture...
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Bonjour à tous,
aujourd'hui, à la veille d'un énième passage en force gouvernemental sur le projet de loi Création et Internet, nous, Artistes, responsables associatifs, représentants de la nation et simples citoyens, avons décidé de faire front sous une bannière commune contre un projet de loi rétrograde, inutile et liberticide.
Tous concernés, tous conscients de l'importance de défendre les droits des créateurs, nous refusons de céder au chantage politique, de rester inertes alors que l'on tente par tous les moyens de faire passer un dispositif qui sacrifiera nos droits fondamentaux sans esquisser la moindre solution pérenne au problème du piratage et à la crise de certains secteurs de l'industrie culturelle.
Aujourd'hui, dans ce lieu symbolique, nous avons décidé de marquer haut et fort notre opposition aux méthodes utilisées par ceux qui ont cru bon de défendre ce texte avec hargne, arrogance et mépris.
La loi création et internet ne répond à aucun des défis du numérique, ne prévoie aucun dispositif visant à favoriser la création. La loi création et internet ne répond qu'à un objectif: assurer le maintien des positions monopolistiques des acteurs les plus puissants de l'industrie culturelle, sans créer aucun nouveau soutien aux plus menacés. S'y opposer, ce n'est pas cautionner le piratage, comme cela a été si facilement assené, mais refuser les raccourcis, l'absence de courage politique et le passéisme. Oui, Internet est un vaste défi. Non, il ne sera pas facile de s'y adapter. Mais plus tôt nous commencerons à réfléchir à de véritables solutions, plus tôt seront proposées de véritables alternatives au piratage, et moins les sacrifices seront lourds à porter pour l'ensemble de l'industrie culturelle.
Tenter d'aller contre le courant de l'histoire, c'est se condamner à une mort certaine. Une mort qui touchera d'abord les structures les plus fragiles, les petites maisons de disques, les maisons de production indépendantes. Prétendre que cette loi les défend est un mensonge éhonté. Répétons le: cette loi, qui ne semble exister que pour maintenir artificiellement en vie un système visiblement inadapté, ne concerne aucunement ceux pour qui la création est un pari, une prise de risque, un rendez-vous avec l'histoire/un enjeu artistique et non comptable.
Face à l'évidente inadéquation du projet de loi Hadopi avec la réalité du numérique, face à l'absence de véritable réflexion sur la crise des modèles traditionnels de diffusion et de production cuturels dans le monde de la culture, la plateforme « Création, Public et Internet » se veut une alliance entre consommateurs, artistes, producteurs et internautes, pour le rétablissement du dialogue, et la recherche de solutions équitables et pérennes pour tous.
Au lendemain d'un passage en commission des lois qui n'aura fait que confirmer le refus de tout dialogue de la part des rapporteurs du texte, nous ne nous faisons pas d'illusions. Actant la volonté de l'exécutif de faire du passage de la loi devant le parlement une simple formalité, nous nous lançons dans l'après-Hadopi. Cependant que nous appelons les députés et sénateurs à entrer en résistance et refuser la soumission que l'on veut leur imposer, nous lançons une série de consultations afin de réfléchir aux problématiques que cette loi ne résoudra pas. Parce qu'il n'y a plus de temps à perdre, et qu'il faut se débarrasser au plus vite de nos phobies paralysantes, le temps du dialogue est venu.
Dès la rentrée prochaine, nous organiserons donc des Assises de la création et de l'internet, afin de proposer des alternatives fonctionnelles, crédibles et proportionnées à l'Hadopi .Nous invitons en conséquence l'ensemble des acteurs du net et des industries culturelles à nous rejoindre autour de la table et à commencer à réfléchir, ensemble, à une véritable réponse aux défis qui nous sont posés par la nouvelle donne numérique. Nous souhaitons rassembler, dès aujourd'hui, toutes celles et ceux qui, au-delà de leur position sur le texte actuel, savent qu'il se révélera insuffisant pour relever les défis posés par l'internet. Espérons que notre appel sera entendu, et que le débat d'idées pourra enfin commencer.
juan paulo branco lopez