Fini, vous avez dit fini?
Et bien voilà, la loi a été adoptée par le parlement. Un passage express au Sénat, et s'en est fini. Fini de tous nos efforts, de cette exceptionnelle mobilisation, de la belle opposition des députés socialistes, verts et communistes, finis aussi les médias, les pressions du gouvernement, de la corporation, des proches.
Face aux forces de l'immobilisme, nous avons tout donné. Face à la crasse ignorance, crasse arrogance, nous avons tout tenté. Offres de dialogue, tentatives d'ouverture, poing sur la table, guerre par médias interposés, propositions alternatives radicales, amendements correctifs, aucun effort n'a été épargné pour tenter de sauver le parlement, le gouvernement d'un naufrage supplémentaire. Nous n'avons pas été écoutés.
Alors faut-il désespérer, faut-il déjà oublier?
Non, non, non. Car le conseil constitutionnel pourrait bien donner la surprise. Et si nos vieux sages ont la vue courte, ce sera à la Cour de justice des communautés européennes, puis aux tribunaux nationaux de porter l'estocade sur ce projet de loi inapplicable et inconstitutionnel. Plus surprenant, les sociétés d'auteur comme la Sacem ou l'Adami et les grandes multinationales, comme Orange, ont déjà commencer à planter des poignards dans le dos d'Albanel, dénonçant une loi inutile, dangereuse, exigeant de nouvelles réformes...
On le voit, tout ceux qu'hier défendaient sans mesure la loi s'empressent aujourd'hui déjà de l'enterrer, comme s'il s'agissait déjà de se situer au centre du débat de la prochaine loi, de peser au mieux sur celle-ci.
C'est pour contrer ces tentatives de lobbying effrénées, mais aussi pour réussir là où les accords Olivennes ont échoué, que nous avons décidé de nous engager dans la plateforme "Création Public Internet", et d'organiser ces assises du numérique et de la création que tous les acteurs de la culture et du net réclament depuis des années.
Au jour d'aujourd'hui, il n'y a qu'un constat qui fasse l'unanimité: l'Hadopi est déjà fini. C'est en partant de ce constat qu'il faudra tendre la main aux adversaires d'hier, initier un dialogue devenu impossible avec le tumulte des dernières semainesi, et commencer à réfléchir à des alternatives qui, enfin, prennent en compte de façon juste et équitable les intérêts de tous, artistes comme citoyens.
Juan Paulo Branco Lopez